Comment définir le Mbog ?
Le MBOG est un système ancestral d’organisation sociale et spirituelle pratiqué notamment chez les Bassa du Cameroun. Il s’inscrit dans une longue tradition panafricaine que Cheikh Anta Diop qualifie d’« unité culturelle de l’Afrique noire ». Cette sagesse ancienne synthétise des savoirs spirituels, philosophiques, scientifiques et communautaires. Le MBOG vise à maintenir l’équilibre des êtres au sein d’un tout plus vaste, en conciliant ordre et diversité. Il constitue à la fois une méthode de gestion sociale et une vision du monde profondément enracinée dans la tradition.
Quelle est la place de l’individu et de la communauté dans le Mbog ?
Dans le MBOG, l’individu et la communauté forment un système interdépendant, où aucun ne peut exister sans l’autre. La communauté précède l’individu et lui fournit le cadre physique, moral et spirituel nécessaire à son développement. Chaque individu est porteur de l’identité de sa communauté, tout comme celle-ci est façonnée par la somme de ses membres. Le terme même de « mbↄg » désigne la communauté comme une entité vivante, dotée d’intelligence propre. Cette interdépendance structure profondément les relations sociales et les responsabilités individuelles.
Qu’est-ce qui fait la stabilité de la communauté ?
Le MBOG conçoit l’équilibre communautaire comme stable sur plusieurs générations, à l’échelle d’un individu. Ce système s’autorégule par des mécanismes sociaux, symboliques et spirituels qui assurent sa continuité. Même lorsque des déséquilibres surviennent, ils sont intégrés dans un cycle de régénération communautaire. Le MBOG considère que les crises sont transitoires, et que la communauté finit toujours par retrouver un nouvel équilibre. Cette vision cyclique du temps et de la société confère au système une résilience remarquable.
Régulation ou contrôle social ?
Le MBOG régule les comportements individuels afin de préserver l’équilibre collectif. Lorsqu’un individu agit contre les valeurs communautaires, il peut être rééduqué, exclu ou banni. Certaines pratiques controversées comme la circoncision ou l’excision sont interprétées dans ce cadre comme des instruments de cohésion, et non comme de simples rites. Le principe fondamental est que l’intérêt collectif prime sur les désirs individuels. Ce contrôle social peut parfois apparaître sévère, mais il est conçu comme garant d’un ordre supérieur.
Le Mbog aujourd’hui : entre recherche d’autonomie personnelle et sauvegarde de l’esprit communautaire ?
Dans le contexte moderne, les individus aspirent de plus en plus à une autonomie personnelle qui entre en conflit avec les cadres communautaires traditionnels. Le développement des technologies, la mondialisation et l’individualisme accentuent ce décalage. Certains ressentent le système communautaire comme trop contraignant ou dépassé. Le MBOG tente de s’adapter à cette mutation en maintenant ses principes, tout en évitant des postures rigides ou inhumaines. Il se positionne comme un médiateur entre l’héritage ancestral et les besoins d’émancipation contemporaine.